De quelques maîtres kabbalistiques

Abulafia Abraham Ben Samuel (1240–1291), originaire de Saragosse, sillonne le bassin méditerranéen avant de revenir en 1271 à Barcelone enseigner la kabbale. Deux ans plus tard, il voyage en Europe et entame ses premiers travaux importants. Les Mystères de la Torah (Sitrey Torah) commentent selon l'interprétation kabbalistique Le Guide des égarés de Moïse Maïmonide [Maïmonide est un médecin, théologien et philsdophe juif né à Cordoue en 1135, qui a cherché à montré l'accord entre la foi et la raison]. Lors d'une confrontation à Rome avec le Pape Nicolas III en 1280, il dénonce l'oppression des juifs; condamné à mort, il échappe à la sentence en raison du décès du Souverain Pontife. Par la suite, Abulafia entre en conflit avec le rabbin de Barcelone qui ne voit en lui qu'un charlatan. Abulafia se singularise par l'annonce qu'il fait en 1290 de la venue du Messie. Il rédige de nombreux livres dont Le Livre des signes (1288, Sefer-ha-Oth), un commentaire sur la Torah (1289), puis Paroles respectueuses (1291, Imrey Shefer). Les traités kabbalistiques d'Aboulafia se signalent par leur forte dimension prophétique.

L'école kabbalistique de Safed (XVIe siècle)

Cordovero Moïse (1522–1570) est l'un des principaux théologiens kabbalistiques du centre de Safed en Galilée. Son oeuvre est marquée par une volonté de synthèse des différents courants de la kabbale.

Luria Isaac ben Salomon (1534-1572), dit "le Lion sacré" (Ha Ari), est avec son maître Corvedero, l'un des chefs de file de l'école kabbalistique de Safed. Originaire d'une famille allemande ayant émigré à Jérusalem, il vécut en égypte où il acquit un savoir ésotérique doublé d'une expérience de vie spirituelle intense (il aurait eu des révélations du prophète Elie). La seconde partie de sa vie est consacrée à la formation d'une trentaine de disciples au centre de Safed. Son apport à la "nouvelle kabbale" est, du point de vue de la forme, la transmission orale du savoir et l'importance accordée à la démarche intuitive et charismatique, et du point de vue des idées, la mise en évidence de la portée spirituelle de l'exil des juifs, expulsés d'Espagne en 1492.

Les précurseurs de la kabbale chrétienne (XVe-XVIe siècles)

Pic de la Mirandole (1463-1494), Giovanni Pico della Mirandola, est le premier kabbaliste chrétien. A l'âge de dix ans, ce descendant d'une famille renommée est surnommé le "prince des poètes et des orateurs". A l'âge de quatorze ans, il étudie le droit à l'université de Bologne. Deux ans plus tard, il entreprend de voyager en Europe. A l'âge de vingt-trois ans, il maîtrise le latin, le grec, l'arabe, l'hébreu et l'araméen. Il rédige une somme philosophique et théologique, De omni re scibili. Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae, (De toutes choses connaissables. Conclusions philosophique, kabbalistique et théologique) dans laquelle il expose sa volonté de réunir en une synthèse des idées culturellement éloignées ou opposées. Persécuté pour ses idées, il se réfugie à Florence, où il consacre la seconde partie de sa vie à la contemplation et à la dévotion, jusqu'à ce qu'une maladie l'emporte à l'âge de trente et un ans.

Ricius Paulus, savant juif né en Allemagne, converti au christianisme en Italie (1505) et mort en 1541, enseigne la philosophie, la médecine et l'hébreu à l'université de Pavie. Il traduit de nombreux traités mystiques d'auteurs juifs et musulmans, et contribue, avec Pic de la Mirandole, au développement de la kabbale chrétienne.

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